Le Télégramme – Publié le 22 juillet 2022
À Brest, l’association Adjim poursuit son appel aux dons pour financer les études des jeunes migrants qu’elle accompagne.
« Nous sommes, vous êtes, ils sont… ». Avec patience, Saïd fait réviser ses conjugaisons à un jeune migrant, assis au fond d’une classe de l’école Vauban, à Brest. Il n’y a pas si longtemps, le jeune professeur était encore à la place de l’élève. Originaire du Bangladesh,Saïd est arrivé en France il y a trois ans, avant d’être accompagné par l’Adjim, association pour l’Accompagnement des jeunes isolés migrants. Cette dernière lance un appel aux dons pour financer leurs études.
« Son histoire a fait le tour de France »
À Brest, l’Adjim a également accompagné Jonathan Kikanga, le brillant élève congolais du lycée Dupuy-de-Lôme,
admis dans une école d’ingénieur à Lyon. Un parcours brillant au coût élevé. « Son histoire a fait le tour de France. Des gens nous ont contactés pour savoir comment l’aider et ont commencé à envoyer de l’argent », raconte Brigitte Millet, une bénévole brestoise. Comme Jonathan et Saïd, d’autres jeunes migrants espèrent prolonger leur cursus en France et bénéficier d’aides. « Les fournitures, le transport, l’hébergement,tout cela a un coût », poursuit-elle.
Éduquer et héberger
Les migrants isolés qui débarquent à Brest viennent pour la plupart d’Afrique de l’Ouest.« Il y a très peu de jeunes femmes, c’est plus compliqué pour elles de quitter leur pays ou d’en traverser d’autres », indique Brigitte Millet. En arrivant, ces jeunes sont logés et nourris dans des hôtels en attendant que les services sociaux évaluent leur âge. Les jeunes reconnus mineurs sont totalement pris en charge et scolarisés. Les autres peuvent être scolarisés mais ils ne bénéficient pas d’aides et doivent trouver une famille d’accueil.C’est vers eux que l’Adjim oriente ses actions.
Créée en 2017, l’association propose aux jeunes migrants isolés des ateliers de français et des sorties culturelles pour « comprendre la société dans laquelle ils arrivent ». À Brest,les cours sont assurés à l’année par des formateurs bénévoles, à Vauban et Javouhey, qui accompagnent une quarantaine d’étrangers. « La moitié d’entre eux sont hébergés dans des familles d’accueil. Il y a un roulement pour ne pas entretenir de liens trop forts. Ce n’est pas une adoption », précise Brigitte Millet.
« Construire leur avenir »
À la fin de leur cursus, certains jeunes migrants peinent à être régularisés. « Beaucoup ont réussi leurs examens et pourraient travailler. Le problème, c’est qu’on leur envoie une obligation de quitter le territoire français au lieu d’une carte de séjour », se désole Patrick Millet. Une situation plus que paradoxale. « Dans les secteurs en tension, les employeurs ne demandent qu’à embaucher et les jeunes ne demandent qu’à travailler », estime Brigitte Millet. L’association tente de monter un réseau d’employeurs solidaires dans le Finistère. Ils sont prêts à faire pression pour que tous leurs jeunes obtiennent un permis de travail et puissent, sereinement, « construire leur avenir ».
Pratique:
Pour faire un don, rendez-vous sur le site internet de l’association Adjim (www.adjim.org).